Une
fois la mission accomplie, les apôtres ont besoin de repartir à la source, là
où ils avaient bu. Ils ont besoin de se ressourcer. Ils ont besoin de raconter
leurs expériences à celui qui les avait envoyés.
Ils sont sûrement fatigués. Mais ils sont
contents. Ils rapportent ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont enseigné. Ils
avaient bien compris la façon d’agir de Jésus : Parole et geste unis. Dire
et faire, en essayant que ces deux réalités ne soient pas contradictoires, mais
cohérentes. Ce qui nous manque aussi souvent. La cohérence entre ce que nous
disons et ce que nous faisons.
Les
mots que Jésus leur adresse nous montrent de quelle façon Jésus connaît nos
besoins, même les besoins dont nous n’en sommes pas conscients. Les apôtres, comme Jésus lui-même, ont besoin
de rester à l’écart, de se reposer, de méditer leurs expériences, de les
intérioriser. Ils ont besoin aussi de rire ensemble, de faire de blagues. Saint
Augustin dit dans un de ses écrits que les chrétiens sont un groupe de
personnes qui prient ensemble, qui causent ensemble, qui rient ensemble et
s’entraident. Ils blaguent ensemble et ensemble ils sont sérieux.
C’est
sûr que Jésus et le groupe qui l’accompagnait partageaient aussi des moments
pour rire. L’image que l’Eglise offre au monde n’est pas parfois trop sérieuse,
trop grave, trop prête à gronder, à avertir ?
Jésus
lui-même avait besoin de rester à l’écart après avoir accompli sa mission, de
perdre un peu le temps ensemble avec les apôtres.
C’est
le temps dont on a besoin dans toute relation d’amour : les époux, les
parents et leurs enfants, les amis. Toute relation d’amour, pour qu’elle soit
durable, pour qu’elle puisse grandir, a besoin d’un temps perdu entre ceux qui
s’aiment. Un temps pour parler, un temps pour rester simplement l’un à côté de
l’autre, un temps pour rire et pour s’amuser ensemble.
La
relation qui est en train de s’établir entre Jésus et ses disciples est une
relation d’amitié. Jésus dira plus tard : « Je ne vous appelle plus
serviteurs, je vous appelle amis. » Cette relation, donc, a besoin de ce
temps qu’on croirait perdu, mais qu’il est très nécessaire.
Voilà
que nous en avons aussi besoin. Ce temps de prière qui maintient vive notre
amitié avec Dieu et avec Jésus.
Facilement
nous trouvons des excuses, nous disons que nous n’avons pas le temps. Nous
disons même que nos occupations, même des occupations très « généreuses »
nous empêchent d’avoir un temps de prière, de méditation, de silence.
Mais
quand nous regardons la vie de n’importe quel saint, même ceux ou celles qui se
vouaient complètement aux autres –je pense à Mère Teresa par exemple- nous y
trouvons toujours des longs temps de prière, peut-être à cinq heures du matin,
juste avant de commencer une longue journée de service aux plus pauvres. Et de
nous dire que sans ce temps de prière ils ne pourraient pas tenir, surmonter
les moments difficiles, les découragements, la fatigue.
Essayons
de rétablir, s’il n’existe pas, ce temps de prière quotidienne. Le matin, le
soir, dans une église, dans la chambre ou dans la cuisine, avec une formule ou
une autre, avec beaucoup de paroles ou avec beaucoup de silences. Un temps qui
nous redonne confiance en nous-mêmes et confiance en Celui qui est le Fondement
de nos vies.
Ecoutons, donc, les paroles de Jésus qui dit à
chacun de nous, personnellement : « Viens à l’écart dans un endroit
désert, et repose-toi un peu. » C’est dans cet endroit que Lui, vrai berger,
lui qui est saisi de pitié envers nous, envers nos souffrances, nos tristesses
et nos angoisses, va nous donner de l’eau vive afin d’apaiser nos soifs
intérieures, afin d’éclairer nos chemins.
Une
eau vive qui va faire de nous aussi des hommes et de femmes saisis de pitié
pour tous ceux que nous trouvons, spécialement ceux qui sont dans le découragement,
la difficulté, au chômage, sans-papiers ou sans toit.
Et travaillons pour que la paix et la solidarité règne dans nos
familles, dans nos quartiers, dans nos cités, dans notre pays.